C’est sans doute le portrait le plus célèbre du monde : La Joconde ne cesse d’attirer les visiteurs au Louvre et de fasciner ses observateurs. Non seulement pour sa beauté et la perfection de son exécution, mais encore pour les mystères (nombreux) qui l’entourent.
Mille fois parodié, jamais égalé
Dans le film 2012 de Roland Emmerich, alors que la fin du monde est proche, une équipe mandatée par le président des États-Unis s’occupe de réunir les œuvres d’art qui seront sauvegardées du déluge. Parmi elles figure, en bonne place, La Joconde.
Ce portrait dû à Léonard de Vinci est certainement le plus connu dans le monde entier, et le plus utilisé comme référence culturelle. La Joconde était au centre de l’intrigue du Da Vinci Code de Dan Brown, un personnage de la pièce de Jules Verne Monna Lisa, ou l’héroïne indirecte du film de Michel Deville, On a volé la Joconde (1966).
Sans compter le nombre de spots publicitaires qui ont détourné son image… Mais rien ne remplace le tableau lui-même, sa beauté esthétique et le mystère inestimable qui entoure ce sourire pincé.
Le tableau le plus célèbre au monde… et le plus cher
Conservée au Louvre, La Joconde attirerait, selon les estimations, environ 20% de la fréquentation de ce musée parisien – qui a reçu 9 millions de visiteurs en 2014.
Si vous avez déjà eu l’occasion d’aller l’admirer et que vous avez dû jouer des coudes pendant vingt minutes pour parvenir à l’approcher, au milieu d’un foule compacte armée d’appareils photo et de tablettes, vous imaginerez volontiers que ces chiffres sont crédibles.
En outre, selon une estimation du cabinet Expertissim, spécialisé dans les œuvres d’art et les antiquités, le tableau vaudrait la pacotille de 2 milliards d’euros… Soit plus de 16 fois le prix de vente du Cri de Munch aux enchères !
Beaucoup de « si » et peu de certitudes
Le portrait de Monna Lisa concentre les incertitudes et les doutes. De fait, cette peinture est accompagnée de tellement « si », de « ou » et de « soit » que son histoire ressemble à une conjonction de coordination.
Probablement commencé à Florence aux alentours de 1503, le tableau ne fut sans doute pas livré à son commanditaire car Léonard de Vinci aurait continué d’y travailler longtemps, jusqu’à son arrivée en France. Elle serait entrée, à sa mort, dans la collection de François Ier, qui avait fait venir le peintre au château d’Amboise.
Ni le commanditaire du tableau, ni l’identité du modèle représenté, ni la durée effective du travail du peintre, ni les circonstances exactes de son entrée dans la collection royale française, ne sont connus avec assurance. Autant dire qu’on ne sait pas grand-chose.
La seule certitude, finalement, c’est bien le nom du peintre : au moins est-on sûrs que Léonard de Vinci a peint La Joconde. Enfin, normalement.
L’énigme de La Joconde
Parmi les mystères qui entourent La Joconde figure, en bonne place, celui de l’identité du modèle de Monna Lisa. Mais qui était donc cette jeune femme ?
La théorie la plus connue, celle du grand peintre et historien de l’art Giorgio Vasari, voit dans ce portrait celui de Lisa, l’épouse de Francesco del Giocondo, née Lisa Maria Gherardini. Ce négociant en soie, citoyen de Florence, aurait passé commande à Vinci en 1503.
Toutefois, l’historien Roberto Zapperi propose une version alternative. En effet, une note du chroniqueur Antonio de Beatis datée de 1517, faisant directement référence à Vinci lui-même, indique que la commande proviendrait de Julien de Médicis. Monna Lisa serait en réalité sa maîtresse, Pacifica Brandani.
D’autres théories circulent : le visage de Monna Lisa serait superposable à celui de Catherine Sforza dans le portrait peint par Lorenzo di Credi. Ou il s’agirait en réalité de la mère de l’artiste.
La Joconde pourrait même être… un homme ! Selon une étude menée par des scientifiques italiens, et relayée ici, Monna Lisa aurait eu pour modèle un jeune apprenti de Léonard de Vinci…
Le mystère du sourire
L’autre sujet qui fascine tant d’observateurs de La Joconde, c’est son sourire pincé. Des critiques d’art, des historiens et des médecins se sont penchés sur le sujet. Sans compter les milliers de visiteurs quotidiens qui tentent chacun d’agrément les théories sur le sujet : et si, par exemple, sa bouche fermée dissimulait une dentition problématique ?
Ou encore cette idée malicieuse lancée par André Malraux : « La Joconde sourit parce que tous ceux qui lui ont dessiné des moustaches sont morts ».
Reste à savoir s’il s’agit bien d’un sourire… Car l’expression de la jeune femme, immortalisée par Vinci, est ambiguë. La faute à la technique du peintre, le fameux « sfumato », qui induit l’hésitation.
Ce terme italien désigne, en peinture, l’effet obtenu par un traitement subtil et modulé des ombres, faisant en sorte que les contours des figures se fondent dans l’atmosphère environnante.
Les théories fumeuses sont la rançon du succès
Enfin, selon des experts de l’université d’Amsterdam, qui l’ont soumis à un programme de reconnaissance des émotions, la réalité du sourire équivoque de Monna Lisa serait plus prosaïque : elle sourit parce qu’elle est heureuse. À 83%. Nous voilà rassurés.
Reste cette hypothèse : si La Joconde sourit à travers les siècles, c’est parce qu’elle s’amuse de voir comment les hommes s’échinent à vouloir percer les mystères de son portrait.
Et il y a de quoi rire, en effet, quand on lit (par exemple ici) que, selon un blogueur spécialisé dans le paranormal, Léonard de Vinci aurait caché dans son tableau… un visage de grand prêtre extraterrestre !
Laissons donc à Monna Lisa l’énigme de son sourire, et même celui de son identité, et profitons à plein de cette œuvre merveilleuse qui n’a d’extraordinaire que la perfection de sa technique de composition et sa beauté picturale. Ce qui est déjà beaucoup.
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