Bien souvent, lorsque le mot masturbation arrive au détour d’une conversation, il fait apparaître des joues soudainement rouges et de petits rires gênés. Si en plus, ce mot est adressé à une femme, c’est la fin de tout. Pourquoi, des années après la libération sexuelle des femmes, ce sujet fait-il toujours aussi peur ?

La culpabilité ressentie par les femmes

La masturbation masculine ne fait plus débat depuis longtemps, sauf au sein des religions, elle apparaît même bien souvent dans des scènes de films à l’instar du SM soft, et parfois dans le but de faire rire (American Pie ou, dans le monde de la BD, Titeuf).  Au moins le sujet est-il dédramatisé. En ce qui concerne les femmes, tout le monde sait que ça existe, mais il ne faut pas en parler.

Les femmes elles-mêmes se sentent honteuses à la pratiquer, et cela à cause du regard que la société, les médecins ou encore les religions ont posé sur cette pratique dite dégradante et contre nature. Il est mal vu de dire que l’on se masturbe quand on est une femme car cela signifierait que notre conjoint n’est pas capable de nous satisfaire sexuellement ou que nous ne sommes pas capables de nous en contenter.

Après tout, les femmes ne sont pas supposées avoir de libido, elles n’existent que pour satisfaire les désirs de l’homme. Ne pas être capable de maîtriser ses désirs, c’est mal (non). Faire l’amour avec une autre personne n’a rien à voir avec le fait de se masturber, le but n’en est pas forcément le même.

C’est bien pour ça qu’autant de femmes recherchent sur internet comment se masturber alors qu’elles sont en couple et heureuses.

Le manque d’informations

Que ce soit à l’école ou à la maison, rares sont les femmes qui ont entendu parler de la masturbation féminine. Certains manuels scolaires omettent même de décrire le clitoris, cet organe purement dédié au plaisir. Il n’apparait parfois même pas sur les schémas.

L’éducation joue également un rôle important : dans certaines familles, ce n’est pas la masturbation qui est taboue, mais bien toute la sexualité. Et même dans les familles plus libres au niveau de la parole, la masturbation reste un secret que l’on pratique dans le noir, sous la couette, loin des oreilles indiscrètes. On se contente, et c’est déjà très bien quand cela est fait, de parler du consentement ou des maladies transmissibles.

La société a du mal à accepter qu’une femme puisse se donner du plaisir par elle-même, pourtant, c’est une scène souvent présente dans les films pornographiques, preuve que tout cela intrigue. Après des années de silence sur l’homosexualité, combien de temps avant que ce taboue-ci ne finisse par s’effondrer ?

C’est à nous toutes de prendre les choses en mains : sans vulgarité, sans gêne. En somme, en toute normalité, à l’image de cette activité.