Imaginez une source d’énergie peu chère et libre. Imaginez que chacun puisse produire localement de l’énergie sans passer par des groupes qui ont le monopole de sa distribution. Exit les factures EDF, exit les pompes à essence, exit les centrales nucléaires. Cette idée semble tirée d’un roman de science-fiction, pourtant selon l’avis de certains scientifiques, ce qu’ils appellent la fusion froide (ou LENR) pourrait bientôt la réaliser.

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Ce serait une vraie révolution, car l’énergie, c’est le nerf de beaucoup de guerres. Les sociétés se combattent ouvertement ou secrètement pour la maîtriser. L’Irak a envahi le Koweit en 1990 pour s’accaparer ses puits de pétrole. La communauté internationale est intervenue parce qu’elle ne pouvait pas laisser le contrôle d’une telle source d’énergie à un État hostile. La Russie a un poids énorme dans les négociations internationales, notamment parce qu’elle produit beaucoup de gaz.

Bientôt des centrales nucléaires dans nos maisons ?

L’énergie, c’est donc le pouvoir. Sans elle, plus rien ne s’allume, plus rien ne tourne, plus rien n’avance. Résultat, tout le monde veut la contrôler. Une source d’énergie facile à produire bouleverserait profondément le rapport entre les sociétés, et les rapports entre les hommes à l’intérieur de ces sociétés. Les centrales nucléaires produisent de l’énergie en provoquant la fusion d’atomes à des pressions et à des températures extrêmement élevées. La fusion atomique produit une chaleur extrêmement intense valorisée en électricité.

Au contraire, certains scientifiques pensent qu’il est possible de produire ce type de réactions à des températures et des pressions basses. Cette « fusion froide » serait moins dangereuse, plus propre, que celle obtenue dans les réacteurs nucléaires. Elle produirait également de la radio-activité, mais en proportion beaucoup plus faible. Une caisse de plomb pourrait suffir à la contenir. Ça signifie qu’on pourrait utiliser cette énergie au quotidien, pour alimenter une voiture électrique ou l’électroménager d’une maison.

L’E-Cat bientôt opérationnel ?

L’annonce de cette découverte est une escroquerie pour de nombreux chercheurs. Pourtant plusieurs brevets ont été enregistrés, ce qui semble indiquer qu’il est vraiment possible de produire de l’énergie de cette façon, même si aucun dispositif fonctionnant sur ce principe n’a encore été mis sur le marché. Andrea Rossi, un ingénieur italien, a conçu en 2010 un appareil domestique qui permettrait de générer assez d’énergie, à partir d’une réaction nucléaire à basse température, pour alimenter une habitation.

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L’E-Cat, c’est le nom de cet équipement, la produirait grâce à la fusion nucléaire de l’hydrogène et du nickel. Selon ses inventeurs, c’est en mettant en présence du nickel chauffé à 300°c et de l’hydrogène sous pression de 2 à 20 bars qu’on peut obtenir la production de chaleur. L’énergie récupérée serait bien supérieure à celle injectée et permettrait de générer de l’électricité. La réaction produirait également des rayons alpha et gamma qui accréditent la thèse d’une réaction nucléaire à des conditions de températures basses. Un blindage de plomb de 50 kg et de 2 cm d’épaisseur est prévu pour les arrêter. Quelques heures après l’arrêt, il n’y aurait plus de traces de rayonnement ou de déchets radio-actifs. L’E-Cat, à ce jour, n’est pas commercialisé.

La publication des recherches d’Andrea Rossi a suscité, et suscite toujours, de nombreuses controverses dans la communauté scientifique qui ne parvient pas à s’expliquer la possibilité d’une réaction nucléaire dans ces conditions. Les recherches officielles conduites au centre d’études de Cadarache, montrent que la fusion d’atomes ne s’obtient qu’à des températures se chiffrant à des centaines de millions de degrés. Mais depuis la fusion à basse température que Martin Fisher et Stanley Pons ont annoncé avoir obtenu en 1989, de nombreux chercheurs indépendants continuent à travailler sur le sujet. En France, Jean-Paul Bibérian, ingénieur en physique nucléaire, a publié un livre intitulé La Fusion froide dans tous ses états.

Si aucune application concrète de la fusion froide n’a vu le jour, c’est, pour ses partisans, la conséquence de l’incapacité de l’industrie à l’exploiter pour le moment et celle des freins que mettent les géants de l’énergie à sa démocratisation.