Spécialité de l’exception culturelle française, la comédie familiale a toujours été prisée des spectateurs hexagonaux. La patrie qui a vu naître et grandir Louis de Funès et Jacques Tati ne pouvait pas renier son héritage saltimbanque, héritage d’autant plus précieux en ces temps difficiles. Vous voulez oublier, le temps d’un film, les malheurs du dehors ? Réunissez parents, frères, sœurs, neveux et nièces, et même amis de toutes sortes, glissez une comédie familiale dans la platine, et appuyez sur Lecture.

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Le rire, propre de l’homme

« L’homme est un animal qui sait rire, ou un animal qui fait rire », écrivait Henri Bergson. D’où la grande popularité, à travers les âges, de la comédie. Souvent sous-estimée en regard de la tragédie, un  genre considéré comme plus noble, elle a néanmoins montré de tous temps son utilité cathartique et philosophique.

Cathartique, parce que la comédie (familiale ou non) a le pouvoir, comme la tragédie, de purger les passions humaines à travers l’expression de vives émotions. Philosophique, parce qu’elle dit toujours quelque chose du monde tel qu’il est et du contexte dans lequel elle a été créée.

On oublie que les grands tragiques grecs – Euridipe, Eschyle, Sophocle – ont leur pendant humoristique : Aristophane. Un auteur dont les comédies étaient aussi des charges politiques (La Paix ou Lysistrata, jouées à l’époque du conflit entre Athènes et Sparte). On omet aussi de rappeler qu’Aristote aurait écrit un second tome à sa Poétique, consacré à la comédie.

Bref, depuis toujours, la comédie tient une place importante dans nos cœurs. Si elle est devenue « comédie familiale » au cinéma, c’est pour mieux s’adresser aux plus petits comme aux plus grands. Si le film familial est difficile à caractériser comme un genre en soi, ce n’est pas le cas de la comédie familiale, qui se classe indubitablement dans la catégorie du rire.

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La comédie familiale : une vertu française ?

Il est vrai que les comédies françaises ont la cote, et cela ne date pas d’hier. Les énormes succès récents de films comme Bienvenue chez les Ch’tis ou Intouchables (quelques 20 millions d’entrées chacun) ne doivent pas nous faire oublier que Louis de Funès (La Grande vadrouille, Rabbi Jacob) ou Jacques Tati (Mon oncle, Les vacances de M. Hulot) les avaient devancés.

Chaque année, les premiers occupants du box-office français sont, très souvent, des comédies. Comédie familiale (les productions animées Disney) ou comédie plus graveleuse (Babysitting, Les Profs, Ted), peu importe : c’est le rire qui l’emporte. Et pas exclusivement le rire francophone.

Car la comédie familiale existe ailleurs : les anglo-saxons s’y entendent particulièrement bien. Le cinéma hollywoodien a connu plusieurs âges d’or et les Anglais nous ont donné les Monty Python (si tant est qu’on puisse parler d’humour familial les concernant). Les règles et les modes ont changé depuis, mais les ingrédients sont restés à peu près toujours les mêmes.

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La recette d’une bonne comédie familiale

Alors, quels sont les ingrédients qui constituent la recette d’une comédie familiale réussie ?

  • Un casting solide : pour faire rire, il faut propulser à l’écran des spécialistes de cet art ancien et délicat qu’est l’humour. Nous avons cité Louis de Funès et Jacques Tati, mais n’oublions pas les grands du rire hollywoodien : Cary Grant, Peter Sellers et, à une époque plus récente, Jim Carrey, Robin Williams, Ben Stiller ou Mike Myers.
  • Des personnages que tout oppose : c’est le principe de Intouchables, mais aussi de la plupart des occurrences de la comédie familiale (de Ratatouille à Rush Hour, pour voir large). La nature du rire dépend des protagonistes eux-mêmes : l’espion un peu bête mais à mourir de rire du Magnifique de Philippe de Broca, le François Pignon de Weber (Le Dîner de cons, par exemple), etc.
  • De bons sentiments : parce dans « comédie familiale », il y a « famille ». Il faut que les bons sentiments l’emportent. Il faut qu’à la fin de Maman, j’ai raté l’avion, le petit Kevin retrouve sa maman et qu’ils montrent combien ils s’aiment. Il faut que les héros finissent par s’en sortir, toujours.
  • Un mélange d’émotions : Walt Disney disait que « pour chaque rire il doit y avoir une larme », et c’est une leçon que la comédie familiale hollywoodienne n’a jamais oubliée. D’abord dans les dessins animés de Disney. Mais aussi chez Pixar, les génies du genre : qui n’a pas pleuré à la fin de Toy Story 3 et de Vice-versa ?
  • Un soupçon d’aventure : c’est ce qui a fait le succès de la comédie familiale anglo-saxonne, des Goonies à Hook, en passant par Le Magicien d’Oz, La Grande course autour du monde ou, plus récemment, À la poursuite de demain.
  • Un concept de départ simple : la comédie familiale se lance sur une idée qui peut se résumer en 2 secondes (« Astérix et Obélix doivent aider à construire un palais pour Cléopâtre »). Mais la simplicité n’exclut pas la richesse du scénario : Wall-E part d’un principe simple, avant de se déployer brillamment.
  • Un second niveau de lecture : le fait d’être une comédie familiale n’empêche pas d’être un film intelligent. Regardez les films de Pixar ou ceux de Miyazaki au Japon (par exemple Le Vent se lève), qui peuvent avoir plusieurs lectures. Ou Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? qui traite du racisme ordinaire, et Arrête-moi si tu peux qui nous parle d’une époque où le monde était ouvert et accueillant.

Malheureusement, ces ingrédients ne sont pas suffisants. Sinon, il serait aisé de réaliser une bonne comédie familiale, promise au succès. C’est qu’il manque un petit quelque chose : cette magie indicible qui fait d’une comédie familiale qu’elle n’est plus un vulgaire produit voué à faire de l’argent, et qu’elle devient un grand film tout court.