Depuis octobre, une image catastrophe, censée représenter le déversement de fluides radioactifs de Fukushima dans le Pacifique, circule sur Internet (blogs, forums, et réseaux sociaux). De quoi susciter l’inquiétude et créer un sentiment d’insécurité autour de la question du nucléaire. Une situation qui a énervé Greenpeace et qui a poussé l’association internationale à publier un démenti.

« Les choses vont très mal à Fukushima, pas la peine d’en rajouter », titre Greenpeace sur son site. Les scientifiques rattachés à la célèbre association de protection de l’environnement sont présents sur le site japonais depuis la catastrophe écologique de mars 2011. Ils en étudient l’évolution, les radiations, les risques, et sont bien placés pour traiter du sujet. Quelle surprise, donc, lorsque la rumeur d’une nouvelle catastrophe est lancée fin 2013 sur la toile, notamment via les blogs et les réseaux sociaux. Tout le Pacifique serait alors contaminé jusqu’aux États-Unis, à des taux « extrêmement dangereux ».

Fukushima - Greenpeace dément la rumeur d’une nouvelle catastrophe écologique

Fukushima : la rumeur d’une nouvelle catastrophe

C’est un hoax, largement relayé, et les blogueurs s’en donnent à cœur joie. Sur l’image, un flot rouge-orange-jaune se déverse du Japon et atteint la côte ouest de tout le continent américain. Il s’agirait d’eau radioactive s’échappant de l’ancienne centrale nucléaire de Fukushima, transportée par le vent, la pluie, et les courants marins. À partir de ce constat, c’est à celui qui dépeindrait le plus grand scénario catastrophe.

Aux Antilles, le site Smx déclare que « l’Océan Pacifique serait entièrement pollué », alors que Nodisinfos va jusqu’à affirmer que « les radiations sont déjà en train de tuer des Nord-Américains ». De son côté, le blog Le nouveau paradigme prévoit des risques futurs sur la santé. « Au cours des années à venir, cette catastrophe en cours pourrait affecter la santé des millions et des millions de personnes vivant dans l’hémisphère nord, et le plus triste est que beaucoup de ces gens ne sauront jamais la vraie cause de leurs problèmes de santé », y explique-t-on.

Mais où est la vérité ?

Greenpeace s’attaque à la rumeur

« Les équipes de Greenpeace ont vérifié chacune de ces rumeurs, et notre réponse est claire : aucune d’elle n’est basée sur une réalité scientifique. », précise Greenpeace.

En fait, le fameux graphique diffusé ne représente pas l’eau déversée depuis la centrale, mais l’amplitude enregistrée en mars 2011 lors du tsunami, par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). L’image a donc été détournée de son sens premier, la date et le titre modifiés, et c’est ce qui a causé un mouvement de panique dans le milieu virtuel de l’écologie.

Fukushima - Greenpeace dément la rumeur d’une nouvelle catastrophe écologique-2

Greenpeace fait donc un bilan récent de la situation réelle de Fukushima. Des taux radioactifs ont effectivement été enregistrés sur les côtes américaines et australiennes, mais à des doses infimes, ne présentant aucun risque pour la santé.

Le vrai désastre, c’est au Japon qu’il se produit. Pour refroidir des réacteurs lors de la catastrophe de mars 2011, 300 tonnes d’eau ont été nécessaires. Cette eau est désormais stockée et une partie s’échappe bel et bien dans l’Océan Pacifique par les nappes phréatiques. Le taux de radiation est encore très élevé sur l’île et le restera pendant des dizaines d’années. De plus, les pêcheurs continuent de fournir la population japonaise avec du poisson contaminé bien au-delà des normes officielles.C’est là que se concentrent les vrais risques pour la santé humaine.

Fukushima poisson radiactif

Sans oublier qu’environ 100.000 personnes vivant aux alentours de Fukushima ont été délocalisées et n’ont toujours pas de solution, en 2014, trois ans après la catastrophe. Le démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima, quant à lui, se poursuit, mais est loin d’être terminé. Alors oui, il reste des séquelles de la catastrophe de Fukushima survenue en 2011, mais elle touche essentiellement le Japon et ses habitants. Pour le reste, comme le dit Greenpeace, il s’agit d’une théorie « tirée par les cheveux ».