Dans Les aventures de Télémaque, le héros de Fénelon participe à des jeux olympiques en Grèce Antique, occasion pour lui d’apprendre que l’esprit, le corps athlétique et les faveurs de la foule sont les critères de la victoire. A l’instar de Télémaque et de l’élève de Fénelon, le lecteur de 2014 est amené à réfléchir quant à la visée du sport mis en scène lors des représentations de grande envergure comme les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde de football.

Du pain et du foot ?

Dans la Rome Antique, les empereurs les plus avides de pouvoir érigent habilement le sport en outil politique au service de ce pouvoir. Aujourd’hui, percevons-nous le sport comme des Grecs ou des Romains ? Quels sont les vertus et les dangers de son instrumentalisation ?

Les vertus du sport : une vision de citoyens Grecs

Qu’est-ce que le sport ?

Le sport est une activité physique et mentale dont l’objectif est la performance. En effet, la performance émerge lorsque le ou les sportifs luttent contre une difficulté ou un obstacle, et parviennent à sortir victorieux de cette lutte. Le sport se définit donc par une activité encadrée, et la poursuite d’un objectif précis. Ainsi, le sport est noble, puisqu’il met en valeur les capacités humaines mentales et physiques, et fait évoluer les hommes ensemble par l’émulation. En ce sens, le sport met en valeur l’homme.

De sportives et nobles visées

La pratique et la représentation du sport entraînent des impacts sociaux positifs. Quels sont les nobles visées du sport ?

  • Une discipline : durant la première moitié du XXème siècle, les Allemands préconisaient la pratique de la gymnastique pour les enfants parce qu’elle permet d’entretenir le corps et surtout qu’elle implique une discipline. Autrement dit, il s’agit, dès le plus jeune âge, de s’imposer rigueur et contraintes.
  • Une structure : Exercer une activité sportive induit le respect des horaires de l’entraînement, une bonne hygiène de vie, un investissement personnel et collectif, et évite l’ennui.
  • L’intégration : Comme l’école publique, le sport unit dans une même équipe des individus de toutes les origines ethniques et issus de toutes les classes sociales. La représentation sportive rassemble également des spectateurs de plusieurs horizons.
  • Le prestige local ou national : Pratique et représentation sportives renforcent les liens sociaux, valorisent et médiatisent les talents de sportifs de telle région ou de tel pays.

Le sport, expression du bestiaire et instrument politique : une vision romaine

Le sport possède d’excellentes vertus pour les hommes à condition que ce premier ne constitue pas un instrument de pouvoir ou qu’il soit clivant.

Sport et géopolitique

Les gouvernements, par leur diplomatie, utilisent les représentations sportives pour les relations internationales. En effet, de bonnes ou de mauvaises relations entre les pays peuvent être confirmées, et il est possible qu’un évènement sportif international soit un prétexte pour faire basculer ces relations. En voici quelques exemples : nazisme, guerre froide, apartheid, etc. Alors, que les évènements sportifs suscitent des relations internationales conflictuelles ou privilégiées, ils restent instrumentalisés.

Les dérives d’un peuple à la dérive

« Du pain et des jeux », telle est l’expression élaborée par le poète latin Juvénal pour critiquer les manœuvres politiques des empereurs qui satisfont les besoins primaires d’un peuple assoiffé de vin et de sang. En effet, cette critique est d’actualité, car le sport, et en particulier le football, déchaîne des passions qui anesthésient les consciences politiques essentielles à la vie de la cité.

D’autre part, les représentations sportives constituent des opportunités pour des hommes politiques de premier plan, d’exalter leur grandeur et de flatter le peuple. Par exemple, Poutine a organisé les jeux olympiques de Sotchi à son image et a stimulé la nostalgie d’une partie de « son peuple » quant à la grandeur russe passée – et retrouvée ? -. Ainsi, une partie du peuple russe est favorable à cet homme providentiel qui limite les libertés individuelles et collectives.

Enfin, les millions de spectateurs et les sportifs de haut niveau, notamment pour le football, cautionnent des dépenses étatiques pharaoniques dédiées à la construction et à l’entretien d’infrastructures comme les stades, et les salaires faramineux versés aux footballers.