Depuis les années 90, deux studios d’animation américain se font la guerre par films interposés : Pixar contre DreamWorks. San Francisco contre Los Angeles. Tout cela sous le regard de Disney, qui a fini par racheter l’un et par distribuer les films de l’autre. Aujourd’hui, les films Pixar et les dessins animés DreamWorks partagent un même désir : faire du cinéma d’animation bien plus qu’un simple divertissement pour enfants.

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Frères ennemis

Steve Jobs ? Le cofondateur d’Apple et l’inventeur de l’iPod, de l’iPhone et de tous ces appareils de haute technologie qui commencent en « i ». Steven Spielberg ? Le type qui réalise des films à gros budget : une fois sur deux c’est un drame historique, l’autre fois c’est un long-métrage de science-fiction.

Si c’est tout ce que vous savez de ces deux hommes, c’est que vous ne connaissez pas encore l’histoire des deux plus grands studios américains d’animation en activité : Pixar et DreamWorks. Frères de dessin et de desseins, les deux firmes ont en commun d’avoir été prises en charge par des visionnaires : Jobs a fait de Pixar ce qu’il est devenu, Spielberg a fait partie du trio qui a lancé DreamWorks.

Frères, oui, mais autrefois frères ennemis : les décennies 90 et 2000 ont vibré au rythme des affrontements entre les deux superpuissances du crayon. Des querelles qui ont parfois abouti à des films très proches : Fourmiz sorti la même année que 1001 pattes, Gang de requins arrivé juste après Le Monde de Nemo… Avec la subtile impression que DreamWorks courait derrière son aîné.

Mais revenons d’abord sur l’histoire des dessins animés Pixar et des films DreamWorks.

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Pixar, la magie du studio à la lampe

Lorsqu’en 1986, Steve Jobs rachète la société qu’il rebaptisera Pixar, celle-ci s’appelle encore Graphics Group et appartient à l’empire de George Lucas, LucasFilm. On en doit la fondation à John Lasseter, un ancien de chez Disney qui s’est réfugié chez le créateur de Star Wars après avoir été licencié par la firme aux grandes oreilles.

Propulsé PDG de ce qui est devenu Pixar, Jobs s’entoure d’Edwin Catmull et de Alvy Ray Smith. Le studio repose d’abord entièrement sur le coup de crayon de Lasseter, qui réalise de nombreux courts-métrages et des spots de publicité. Le succès est tel que la direction décide de passer à la vitesse supérieure : le long-métrage.

C’est un pari fou : réaliser le premier film d’animation en trois dimensions (à ne pas confondre avec l’effet 3D). Afin d’obtenir les fonds, Pixar signe un contrat avec Disney pour 3 films et 26 millions de dollars. Le premier est réalisé par John Lasseter et sort en 1995 après quatre ans de travail : c’est Toy Story.

La longue liste des dessins animés Pixar est lancée. Suivront 1001 pattes en 1998 et Toy Story 2 en 1999, chacun de ces films rapportant plus d’argent que le précédent. Jobs se brouille avec Michael Eisner, le patron de Disney, pour des questions de droits de diffusion, tandis que Monstres et Cie et Le Monde de Nemo achèvent d’asseoir la toute-puissance de Pixar.

Parce que l’Histoire aime l’ironie, Disney finira par racheter Pixar en 2006. Avec, à son catalogue, les productions Marvel (Avengers et consorts), le catalogue LucasFilm (Star Wars) et les films Pixar, le studio Disney est aujourd’hui la société de production la plus influente du monde.

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DreamWorks, un appétit d’ogre

À l’origine du catalogue des films DreamWorks, il y a une société de production multi-casquette, DreamWorks SKG, fondée en 1994. Le sigle « SKG » reprend les initiales des noms des trois fondateurs du studio, chacun ayant sa spécialité :

  • Le « S » pour Steven Spielberg, secteur du cinéma
  • Le « K » pour Jeffrey Katzenberg, secteur des programmes télévisés
  • Le « G » pour David Geffen, secteur de la musique

En 1995, DreamWorks Animation émerge de la fusion entre le département animation de SKG et le studio Pacific Data Images. La nouvelle société se lance dans la production de longs-métrages animés, à commencer par Fourmiz et Le Prince d’Égypte en 1998. Suit Chicken Run en 2000, un dessin animé réalisé par Peter Lord et Nick Park, mais cofinancé par DreamWorks et Pathé.

Consciemment ou non, les films DreamWorks semblent répondre aux productions Pixar. Outre certains sujets très proches, le studio cofondé par Spielberg chercher à prendre la main sur des réalisations plus matures, qui seraient appréciées par les adultes au moins autant, sinon plus, que par les enfants.

Le Prince d’Égypte, drame adapté de la Bible, est un signe de cette volonté. Mais c’est surtout la mascotte du studio, Shrek, qui impose une vision plus adulte : en 2001, ce dessin animé devient le plus gros succès de tous les temps pour un film d’animation, avec près de 500 millions de dollars de recettes. Et l’ogre qui pète devient un manifeste, un pied de nez fait à Pixar.

Suivront plusieurs suites à Shrek, ainsi que la série des Madagascar, puis Bee Movie : Drôle d’abeille, Monstres contre Aliens, Dragons, Megamind, Les Cinq Légendes ou encore Kung Fu Panda. Les films DreamWorks se positionnent sur un créneau proche de celui des studios Ghibli au Japon (Le Vent se lève de Miyazaki dernièrement) : des œuvres d’une grande maturité.

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Les films Pixar VS les dessins animés DreamWorks

Peut-on vraiment opposer les deux sociétés ? Comme l’indique très justement un article sur JustFocus, l’un et l’autre partagent une même idée de ce que doit être le dessin animé : plus qu’un divertissement pour enfants, il s’agit d’une œuvre à part entière, adressée à toute la famille, avec plusieurs niveaux de lecture. L’animation ne doit jamais oublier que l’enfant spectateur est aussi un futur adulte.

C’est d’ailleurs une direction qu’a empruntée le monde du dessin animé depuis plusieurs années. Même Disney a fini par adopter ce point de vue. Aujourd’hui, le studio de l’oncle Walt produit les films Pixar, distribue les films DreamWorks, et a lui-même changé légèrement de braquet avec ses propres créations, comme le prouvent Raiponce et Les Nouveaux héros récemment.

Qu’il s’agisse des films Pixar ou des productions DreamWorks, le public a eu la chance, depuis presque deux décennies, d’assister à des récits enchanteurs, tour à tour poétiques et humoristiques, souvent les deux en même temps. Ces dernières années, Vice versa chez l’un, M. Peabody et Sherman ou Dragons 2 chez l’autre, ont prouvé que la lampe et l’ogre ont de beaux jours devant eux. Et nous aussi.

Nous vous laissons avec cette chouette vidéo qui croise des images de films Pixar, Disney et DreamWorks :