Alors qu’en France, le projet de loi pour la croissance d’Emmanuel Macron rencontre d’importantes résistances, la Grèce vient d’élire un gouvernement d’extrême gauche. En Europe, la nouvelle donne politique interroge l’efficacité des solutions de l’économie libérale. À Brisbane, le banquier Christophe Mazurier a pourtant salué les décisions de la communauté internationale d’investir dans les infrastructures et de libéraliser les économies…

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Faire de la croissance mondiale un cheval de bataille

Selon le professeur de l’IEP de Grenoble, Fabien Escalona, « les partis de centre-gauche ont largement abandonné leur fonction éducative et s’appuient sur une technocratie et des économistes qui n’ont plus rien d’hétérodoxes ». En contre-exemple, il cite notamment le cas de Podemos et de Syriza qui relayent abondamment les analyses d’économistes comme Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty. Selon lui, seuls les nouveaux partis politiques respectent la mission attribuée par Gramsci aux « intellectuels organiques ».

Une affirmation qui obtient un certain écho alors que l’économiste André Orléan vient de publier une pétition pour permettre à l’économie hétérodoxe d’être mieux représentée au sein de l’université française. Pourtant, quand le directeur du groupe CM-CIC, Christophe Mazurier, évoque le sommet du G20, il note que « les dirigeants se sont entendus pour faire de la croissance mondiale leur cheval de bataille. Difficile à imaginer, il y a encore quelques années, quand les économistes du monde entier tremblaient à l’idée d’une surchauffe alimentée par les pays émergents ».

L’économie libérale en 2015 : la fin du manichéisme ?

Avec ce témoignage, on constate que le concept de la pensée unique reste assez peu opérant pour décrire la complexité du monde. Depuis le livre de Pierre Bourdieu et Luc Boltanski, intitulé La production de l’idéologie dominante, les plus critiques affirment que « la fin des idéologies » est un mythe et qu’il convient de mettre en doute la compétence des prétendus experts qui tiendraient tous un même langage. Or justement, dans le champ de l’économie réelle, on se rend compte que mêmes des institutions comme le FMI sont capables de changer leurs recommandations en fonction des paramètres du problème…

Si pendant de nombreuses années des écoles de pensées économiques se sont affrontées, chacune prétendant détenir la vérité, les revirements successifs des politiques économiques montrent que le pragmatisme des chefs d’Etats a eu raison d’une vision manichéenne de l’économie. Pendant la crise, Sarkozy a ainsi fait une politique de relance et aujourd’hui Manuel Valls essaye d’imprimer une politique de l’offre… Malgré cette nouvelle réalité, on ne peut toutefois que conseiller la lecture du livre des éconoclastes (ENS Ulm/Cachan & Paris 1 Sorbonne) : Le Petit bréviaire des idées reçues en économie

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Quelles perspectives ?

Concrètement, que pouvons-nous attendre de cette année économique 2015 ? Purement en termes de chiffres, la Banque Mondiale a légèrement rabaissé en début d’année ses prévisions concernant la croissance mondiale, avec un taux estimé aux alentours des 3%. Un revirement provoqué en bonne partie par la forte chute du prix du baril de pétrole, profitant largement aux États-Unis. De quoi rebattre également quelques cartes du côté des autres principaux pays exportateurs d’or noir que sont :

  • L’Arabie Saoudite
  • Le Venezuela
  • L’Iran
  • L’Angola
  • Le Nigéria
  • Les Émirats Arabes Unis
  • Etc.

Pour tout cela, et pour tous les autres dont le pétrole constitue la première manne financière, 2015 devra être l’année de fortes et profondes réformes structurelles sous peine de plier face à la nouvelle réalité du marché.

Dans une tribune publiée sur le Huffington Post, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, appelle de ses vœux à une relance des échanges mondiaux, nécessitant de prendre en compte la part croissante des pays émergents et en développement au sein du PIB mondial. Une vaste entreprise qui devra se faire dans une logique de « nouveau multilatéralisme », afin de transformer l’essai après une année 2014 difficile mais tout de même porteuse d’espoirs.