Vous seriez bien en peine si vous essayiez d’en voir se former sous vos yeux ! Le mieux que vous puissiez faire, c’est encore de fixer un appareil photo devant l’une de ces formations naissantes, puis filmer, puis réaliser une timelaps et l’intégrer sur Youtube. En fait, non, ce n’est pas vrai… il se trouve que si vous le vouliez vraiment, vous pourriez assister à l’œil nu à leur formation. Deux cameramen britanniques ont fait cette expérience en 2011. Seulement voilà : il leur a fallu, pour y parvenir, se rendre dans le détroit de McMurdo, en Antarctique… et plonger dans une eau à -2°C… Vous n’y comprenez rien ? Cet article vous dit tout.

N’est pas stalactite qui veut

Car c’est bien de stalactite que nous parlons. Si l’on admire leur forme tombante, leur multiplicité, leur aspect de bouquet solide, cette impression de mouvement figé pour l’Éternité… on peut se demander comment elles en viennent à apparaître ! D’emblée, il faut faire la différence entre les matières qui les composent. Ensuite, il faut distinguer différents types de formations. Et enfin, il ne faut surtout – surtout ! – pas confondre stalactites… et stalagmites !

De roche et de glace

La stalactite de glace se forme lorsque, températures glaciales aidant, l’eau s’écoule goutte à goutte de quelque chose ou de quelque part, et se congèle ce faisant. Au final, la nature nous donne à voir de jolis dessins translucides, qui ne sont en fait que des amas de gouttes d’eau ayant gelé sous l’effet du froid avant d’avoir le temps de tomber.

stalactite glace

La stalactite de roche est la forme la plus impressionnante : d’un point de vue purement technique, c’est comme avec la glace. C’est un mouvement qui s’immobilise. Sauf que là, ce n’est pas de l’eau qui coule, mais de l’eau gorgée de sels calcaires. Pour grossir le trait, on pourrait dire que c’est littéralement de la roche liquide. Cette roche liquide est pleine de gaz carbonique, qui lui permet, justement, d’être liquide. Or ce dernier, une fois à l’air libre, s’évapore. La roche ne peut plus rester dans cet état, elle redevient donc solide… et voilà !

Les stalactites… et le reste

Dans le cas de la roche, les suintements observables sont divers, et les résultats variés. Les stalactites sont les formes communes, mais elles peuvent aussi prendre d’autres formes, comme celles-ci :

  • Les stalagmites, qui en sont la version opposée, c’est-à-dire montante, formée par l’accumulation des gouttes ayant réussi à tomber sans se figer à la pointe de la stalactite, et s’étant figé malgré tout, inéluctablement, après que le CO² se soit évaporé
  • Les colonnes et les piliers, qui apparaissent lorsqu’une stalactite et une stalagmite se rejoignent
  • Les fistuleuses
  • Les draperies
  • Les méduses

Et il y en a encore bien d’autres, que vous pouvez découvrir en faisant un tour par ici !

Les stalactites sous-marines et leurs mystères

Puisque mention a été faite – en introduction – de deux explorateurs et photographes britanniques, il est important que vous compreniez de quoi il en retourne. En 2011, Doug Anderson et Hugh Miller ont assisté à l’apparition de ce que l’on appelle également un brinicle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est la version « hollywoodienne » des stalactites (découvrez-en plus ici !). Elle se forme avec une rapidité surprenante, et ses mouvements font penser à du métal fondu qu’un forgeron manipulerait pour lui donner les formes souhaitées.

brinicle

Là où les stalactites apparaissent par un phénomène d’érosion provoqué par l’humidité – elle-même rendue acide par sa charge en dioxyde de carbone depuis qu’elle a pénétré le sol – et libérant du calcaire, le brinicle est formé par l’écoulement d’une saumure, un concentré incongelable de sel marin recraché par la glace (qui ne peut pas supporter le sel en trop grande quantité). Cette saumure ne gèle pas, mais l’eau de mer qui l’environne, oui. C’est donc l’eau de mer autour de la saumure qui gèle, formant ainsi un tunnel dans lequel le concentré salé continue de s’écouler.

C’est plutôt simple à comprendre, non ?