Il est désormais possible de souscrire un compte courant sans passer par la case banque. En proposant le Compte-Nickel, une version simplifiée d’un livret classique, les buralistes ont réalisé un vrai coup de Monopoly. Pour l’ouvrir, aucune condition de revenus n’est requise. Pas besoin non plus de dépôt minimum. Il suffit de se présenter chez un commerçant agréé (ils ne le sont pas tous) avec un téléphone portable en état de marche, une pièce d’identité (il faut résider en France ou dans les DOM-TOM) et 20 euros pour l’abonnement de la carte de crédit. C’est tout. En cinq minutes, c’est fait, explique la Financière des paiements électroniques (FPE), l’organisme qui lance ce nouveau produit en partenariat avec la Confédération des buralistes.

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Redevenir maître de son argent

La FPE a l’agrément pour fournir des services de paiement. Les promoteurs de ce projet sont des experts en nouvelles technologies. Ils en ont eu l’idée en 2010. Leur concept : « Un compte pour ceux qui ne comptent pas pour les banques, un compte pour ceux qui ne comptent plus sur les banques ». L’argent en dépôt, ils s’y engagent, ne servira pas à la spéculation sur les marchés financiers. Il restera en France. Un bon argument pour rassurer les épargnants après les difficultés des établissements bancaires qui ont suivi le krach de 2008.

Le Compte-Nickel est un livret de dépôts et de retraits sécurisé. Il est bloqué et non rémunéré. Ça signifie que le nombre de services est très réduit, pas de chéquier, pas découvert autorisé, pas d’intérêts, pas de prêts. C’est un petit peu l’équivalent de Free pour la téléphonie mobile ou d’une compagnie low cost pour le transport aérien. En simplifiant une offre, ses tarifs deviennent plus compétitifs.

Le compte-Nickel propose un espace client en ligne qui permet d’effectuer toutes les opérations nécessaires, comme les virements, un solde accessible à tout moment par un SMS non surtaxé et l’utilisation des dernières technologies en terme de sécurité informatique, pour que l’argent soit bien gardé. Bref, l’essentiel, sans plus.

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Plus de transparence avec les frais bancaires

Ce livret, comme le forfait de téléphonie mobile à 2 euros, casse le marché. Les frais bancaires passeraient de 192 euros par an pour la majorité des banques françaises à 34 euros par an pour un utilisateur moyen d’un Compte-Nickel. Ça paraît peu, mais ils ont l’avantage d’être annoncés en toute transparence. Donc, apparemment pas de mauvaises surprises sur son décompte, à condition de faire attention.

Un retrait chez un buraliste coûte 0,50 euro et 1 euro dans un distributeur. Tout dépôt en cash fait également l’objet d’une commission de 2 % de la somme déposée pour un maximum de 250 euros par jour et 750 euros par mois. Les virements en ligne sont gratuits et illimités. La perte de la carte de crédit coûte 10 euros et celle du code secret 0,10 euro. Enfin, au-delà des 60 SMS gratuits pour consulter le solde de son compte, chaque message supplémentaire est facturé 0,10 euro.

Le Compte-Nickel offre plus de souplesse qu’un compte classique, puisqu’il est possible de récupérer ses économies à tout moment, en moins de deux minutes et sans explication (contre 1 euro pour la fermeture). Ce n’est pas le cas dans les établissements bancaires, où il faut d’abord en faire la demande par écrit et attendre que la demande soit étudiée.

Ce livret est également accessible à des personnes exclues du système bancaire, qu’elles soient frappées d’interdit ou autre. Chez un buraliste, n’importe qui peut obtenir un RIB et un moyen de paiement sans étude de dossier. Un SDF peut ainsi ouvrir un compte sans plus de formalités. En cas de retrait depuis l’étranger, le Compte-Nickel est annoncé plus avantageux, puisque si des frais bancaires sont répercutés, il n’y a aucune commission supplémentaire, comme c’est le cas dans certaines banques.

Pour le moment, seuls 55 buralistes dont 24 en Ile-de-France, sont agréés pour ouvrir ce type de compte. Mais ils sont 27 000 en France, ce n’est donc qu’un début.