Si vous avez déjà entendu parler du distributeur automatique de viande, peut-être avez-vous imaginé une horrible machine industrielle livrant des produits peu qualitatifs, sortis d’une usine impersonnelle. À regarder sur le net, il semblerait d’ailleurs que l’a priori négatif soit largement partagé par la communauté. C’est que, qualité des produits ou pas, ce système de distribution pose quelques questions sur la façon dont nous voudrions voir évoluer notre société.

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Quand distributeur automatique de viande rime avec fraicheur et qualité

Au niveau des distributeurs, il faut sans doute distinguer clairement entre mode de commercialisation et auteur de la vente. Si le « gérant » de la machine est une multinationale qui l’abreuve de produits standardisés, l’ensemble sera évidemment très commun gustativement parlant.

Mais en l’espèce, le premier distributeur automatique de viande de la capitale est l’œuvre de la boucherie charcuterie l’Ami Txulette, située 120, rue de Charonne. Il s’agit, pour les habitués, de prolonger le plaisir à toute heure de la journée… et de la nuit ! Carpaccio de bœuf, côtes de porc, jambon de Bayonne sont disponibles à n’importe quel moment, nous apprend le Figaro.

Nous sommes dans un processus d’annexe du magasin : la viande est clairement « tracée », sa provenance localisée. On sait que l’artisan travaille directement à proximité et que l’on pourra facilement le contacter si besoin (le lendemain !).

Le même système pourrait-il fonctionner avec des machines « anonymes » dans le métro ? Juste un morceau de viande sans le marketing de la boutique ? Pas certain ! Car nous sommes tout de même sur un emplacement plutôt bobo dans le 11ème arrondissement. Les prix sont en conséquence et les produits visent une certaine cible.

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Le bon buzz du boucher

Outre Le Figaro, ce sont de nombreux autres journaux qui se sont intéressés à l’étonnant distributeur automatique de viande : Le Parisien, Metronews, France Soir, etc. L’occasion de rappeler que, s’il s’agit bien du premier outil de ce type pour obtenir de la viande fraîche à toute heure à Paris, ce n’est pas le premier en France !

En juin 2013 déjà, la Boucherie Lafaye, de Ruelle, en Charente, avait franchi le pas, avec le premier distributeur automatique de viande à la française. Et en Allemagne, c’est monnaie courante, avec des appareils pouvant assurer jusqu’à 1 500 € de CA par mois.

Néanmoins, même s’il ne s’agit pas d’une réelle innovation, la gestion communication/presse de la boucherie parisienne autour de l’évènement est remarquable. Il suffit de s’interroger : quel aurait été le budget pour un article « sponsorisé » dans de tels journaux ? Un petit rappel aux marketeurs : faire parler de soi et de son entreprise, c’est d’abord créer de l’actualité.

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La culture du tout, tout de suite ?

Quand on regarde les réactions (négatives) publiées sur les sites des journaux, deux points sont particulièrement mis en avant par les commentateurs :

  1. La culture du besoin assouvi immédiatement : on y voit, derrière, un manque de contrôle, une certaine sauvagerie.
  2. La fin du contact avec le commerçant et donc la douce mort du commerce de proximité.

L’argument sur le « tout, tout de suite » est extrêmement relatif. Après tout, chacun est libre de faire ce qu’il veut du moment que cela ne freine pas la liberté des autres, et personne n’oblige personne à aller acheter une barquette de charcuterie dans un distributeur automatique de viande plutôt que chez son boucher.

Par contre, peut-on estimer qu’on se dirige vers une civilisation de l’évitement, de l’automatisation, avec moins de commerçants ? Et ceux-ci ne sont pas seuls en cause, car il y a tout un écosystème derrière les commerçants : agenceurs, décorateurs, équipementiers (matériel, logiciels…), comptables, services de nettoyage…

Le principe du distributeur automatique de viande menace-t-il ces métiers ? C’est difficile à croire, car les clients ont leur mot à dire ! Il y a 10 ans déjà, on nous promettait des machines partout. Une entreprise possédait en France plus de 100 distributeurs de type épicerie. Elle n’en possède aujourd’hui plus que 5, faute de rentabilité. Le client, en somme, a toujours raison… Et toujours le choix.

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